Comme du cristal

Cypora Petitjean-cerf

Éditions du Serpent à Plumes, 2018, 251 p., 18 €

Mes lectures du Serpent à plumes

4e de couv. :

Lisette et Ada sont deux cousines. Lisette aime lire et Ada a tout le temps mal quelque part. Lisette rédige des notices fleuries, pimpantes, pour des brochures commerciales, Ada travaille pour une grande surface et est amoureuse du pharmacien.
Elles s’entendent comme chien et chat, comme le chaud et le froid ; et entre elles, il y a Franz.
En août 1988, alors qu’ils écoutaient Powerslave d’Iron Maiden, Franz a embrassé sa cousine Ada sur la bouche. Si elle ne s’en souvient plus, lui ne l’a jamais oublié et l’aime encore de cet unique baiser partagé.

Mon billet :

Et puis il y a le canapé de leur enfance. Un matin il est posé devant chez Franz, quinze ans après sa disparition dans un camion-benne. Après quelques jours il disparaît à nouveau. Avant de réapparaître. Et encore.

Cypora Petitjean-Cerf évoque avec humour et précision tous ces doux rêves/fantasmes éveillés qui rythment les vies des gens normaux, qui font leurs courses le samedi matin.

Cypora Petitjean-Cerf est au sommet de son art dans ce roman minimaliste et tendre. La simplicité de ses personnages, de leur vie, de leur passé, de leurs espoirs se lie admirablement avec les enjeux éperdus de l’amour.

J’étais curieuse de découvrir ce roman. Cette histoire de canapé de l’enfance qui réapparaît à l’âge adulte au point d’envahir la couverture du livre cela intrigue.

Il faut dire aussi que je suis toujours très intéressée par les auteurs qui traitent du quotidien ordinaire. On a une part de nous qui s’identifie à une époque, un mobilier, des habitudes de vie, on se rend compte que finalement on a des points communs (ou pas !).

La thématique de la famille est un sujet qui m’intéresse.

Si vous cherchez l’action, les coucheries et les grands voyages passé votre chemin. Par contre si vous aimez les histoires où les petits détails, les petits « rien » viennent modifier le paysage de manière imperceptible, ce roman vous plaira.

J’ai eu l’image d’un vase qui se remplit goutte à goutte et j’attendais qu’il déborde ou se brise. C’est peut-être à cause du titre. Le cristal représente, la pureté et la fragilité, mais que cache sa transparence ?

J’ai aussi eu l’image de ces boules de neige qu’on secoue et qui semble s’animer pendant un temps jusqu’à ce que les paillettes retombent, et  entre les deux les scènes  ne sont plus tout à fait les même.

Les personnages semblent bloqués plus ou moins en 1988… l’adolescence, premier baiser et mort accidentelles des copains. L’histoire se déroule en 2013, ils ont une maison, du travail et vivent en vase clos comme dans une bulle de cristal qui empêche d’entrer en contact, une fragile barrière de protection.

Ce qui frappe dans ce roman, c’est l’absence de parents adultes de plus de 40 ans. Les parents d’Ada, Lisette et Franz sont morts du cancer. Ils sont omniprésents par l’éducation qu’ils ont donnée à  leurs enfants. C’est peut-être cela qui donne cette impression d’image figée. Plus de nouveaux conseils, pas d’évolutions. Leur mort n’a pas suffit à émanciper ces jeunes adultes (35-40 ans).

Ces trois cousins se sont fait une image du monde et ont continué à fantasmer sur des possibles sans arriver à surpasser certaines barrières jusqu’à ce printemps 2013.

On ne voit pas non plus les parents de Gretchen, Anne-Céline, Cyril, M. Paillet ou M. Christophe Renard…

Gretchen, elle aussi est bloquée dans une relation toxique, elle aussi va bénéficier de cet air printanier pour évoluer. Petit bémol il y a des petites incohérences autour d’Emile (vocabulaire et connaissances), comme pour montrer qu’il n’a pas une évolution normale.

J’ai adoré le personnage d’Anne-Céline, fille de la terre, avec son langage fleurie, qui ne s’embarrasse pas de considérations protocolaires.

Les personnages masculins sont très coincés dans leur quand à soi, ce sont les filles qui doivent avoir les initiatives et faire le premier pas. On notera qu’il y a un personnage qui n’apparaît qu’avec son prénom et un autre avec juste une initiale.

Il y a le petit côté de réalisme magique avec le canapé qui apparaît et disparaît, il y a toute la pensée magique des personnages qui cherchent des signes. On a par exemple Lisette qui se raccroche à son vieux maillot de bain anglais puis à la salopette de Anne-Céline, il y a la partie onirique (rêves nocturnes et rêves éveillés), il ya les messages subliminaux des publicités et autres.

Un autre détail a attiré mon attention celui du miel… j’ai bien sûr pensé à « on n’attrape pas les mouches  avec du vinaigre » non plus sérieusement, c’est l’histoire des tartines : tartines de miel, tartines de fromage, tartine de fromage au miel. Finalement petit à petit, on teste, on découvre et on apprend à aimer de nouveaux goûts… une jolie métaphore pour ce que vivent les personnages.

Il y a l’idée de constance. Dans un premier temps, on à l’impression que rien ne doit bouger pour être heureux. Et même lorsqu’ils constatent qu’ils ne sont pas heureux ils ont du mal à tourner la page.

Je n’ai pas spécialement aimé les personnages au début car ils ne sont pas présentés comme des personnes sympathiques  (la lectrice que je suis est difficile !). Ils se parlent mal à eux même et aux autres. Petit à petit mon ressenti à évolué en même temps que ce que je découvrais sur eux.

Leurs pensées intimes prêtent parfois à sourire, ils se retrouvent dans des situations drôles ou grotesques, et l’humour n’est pas le ton adopté pour raconté leurs aventures, il est juste là pour alléger certains sujets graves. Je n’ai noté aucune ironie dans le texte, quoique… que penser du nom du domaine du « grand gland »  ou d’autres patronymes?  J’ai eu l’impression  qu’il y avait  une certaine distance avec l’objet d’étude.

J’ai aussi aimé l’idée que tous les personnages se mettent à écrire au même moment des choses différentes mais avec le même but se faire du bien.

Les roman est divisé en  cinq parties et à l’intérieure de chacune les bouts d’histoires sont simplement séparés par un astérisque.

Une coïncidence veut qu’en ce moment je sois repartie sur « la poétique de l’espace » de Gaston Bachelard (suite à des émissions de radio) et j’ai tout de suite fait le lien avec ce roman. Dans « Comme le cristal » il y est question de maisons et Gaston Bachelard nous en parle aussi.

Il y a Ada avec sa maison en zone inondable, en face de l’Intermarché où elle travaille. A un certain moment elle va se mettre à nettoyer, ranger, explorer sa maison de l’entrée au grenier, le moindre placard, tiroir ou carton va y passer, pour son grand soulagement. Et pourtant elle ne connait pas le travail de Marie Kondo !

Il y a Franz qui a acheté il y a bien des années un pavillon dans le même domaine où il habitait avec ses parents. Il va aussi repenser de la cave au grenier la décoration et le rangement de sa maison.

Il y a lisette qui elle a acheté hors du village natal et qui a acheté une vieille bâtisse qu’elle a transformé en gîte  (famille de substitution ?). Elle c’est sa garde robe qu’elle a vidé et modifié (d’ailleurs elle passe sont temps dans sa piscine par tous les temps !)

Gretchen va rechercher dans sa cave une partie cachée de son passé, et quelle va partager  avec son fils puis avec les autres, ces tableaux, ses œuvres (là je le relierai à sa maternité très compliquée). Elle va pouvoir être fière de sa création : son fils. Elle sort beaucoup de choses de son four, de sa camionnette… L’état du pain et des pâtisseries sont des reflets de ce qu’elle vit.

Vous l’aurez compris ce roman très singulier m’a beaucoup plu car très travaillé et recherché malgré la simplicité apparente. Par delà les mots, je me suis laissée emportée  par ces vies plus complexes qu’on ne croit.

Je remercie les Éditions Le Serpent à Plumes pour leur confiance.

Article précédemment publié sur Canalblog

Paris est tout petit

Maïté Bernard

Editions Syros, 1er février 2018, 372 p., 17,95 €

Mes Lectures Syros

Chronique jeunesse du mercredi

paris est tout petit

4e de couv. :

Inès a 17 ans et un objectif : être admise à Sciences Po après le bac. Elle vient de trouver un job de femme de ménage chez les Brissac, dans le 7e arrondissement de Paris, mais elle n’avait pas prévu le coup de foudre intense entre elle et Gabin, le fils aîné de ses employeurs. « Paris est tout petit pour ceux qui s’aiment, comme nous, d’un aussi grand amour. » Cette phrase de Prévert devient leur credo. Inès et Gabin sont ensemble le soir de l’attentat du Bataclan, quand le pire se produit. Dès lors, leur histoire et la ville qui les entoure prennent d’autres couleurs, celles de l’après.

Mon billet :

En général j’évite de lire des romans qui se basent sur des drames récents. Cependant celui-ci m’avait été chaudement recommandé et à mon tour je le recommande. Et que le mot « roman » « fictions » me permet une certaine distance émotionnelle, quoique…

C’est un roman à la première personne. Je me suis identifié à plusieurs personnages en fonction des situations vécues, les personnages sont crédibles avec la part de fiction  qui donne ce petit plus. On va avoir la vision d’Inès, celle des autres on l’aura grâce aux dialogues.

La première partie traite essentiellement sur la confrontation entre deux classes sociales, entre deux mondes séparés par une heure de RER. C’est très intéressants la façon dont Maïté Bernard met le doit sur des détails. On a plusieurs points de vue dans les différents groupes d’ados. On a d’abord le clivage français de banlieue et français du XV et XVI arrondissement de Paris. On se rend vite compte que les barrières on peut se les créer soi même. On pourrait croire qu’on allait se retrouver avec un Roméo et Juliette version moderne ou au contraire dans une romance adolescente. Mais le destin en a décidé autrement,  puisque le 13 novembre vient tout faire basculer dans la mort et la souffrance. Les répercussions vont être multiples comme on peut le voir dans notre vie de tous les jours.

Maïté a su mettre en mots l’horreur de cette nuit-là. Elle m’a fait pleurer car j’étais avec tous les personnages, aux différents postes. J’ai dû faire une pause avant de reprendre ma lecture.

Avant on était dans des émotions qui touchaient des adolescents après ce climax, les émotions vont former des vagues jusqu’au tsunami. Ce n’est pas larmoyant, c’est fort, intense plein d’énergie, il y a de la colère et l’envie de vivre, il va y avoir des rebondissements, des prises de consciences et des moments d’abattement.

La notion d’un avant et après est omniprésent et pas seulement avec l’attentat. Par exemple : avant ils ne se connaissaient pas et maintenant ils ne peuvent plus se quitter,  et la vie ne pourra plus jamais être la même. Les personnages sont des ados de 17/19 ans, avec eux, c’est tout ou rien.

C’est un roman initiatique. On va suivre des ados dans leur sortie très brusque de l’enfance, de leur certitude et de leur idée de chemin tout tracé.

Comme avec tous les ados il va y avoir des conflits avec la famille, des clashs entre jeunes, il faut qu’ils s’affirment et qu’ils apprennent à penser par eux-mêmes. Ils vont tâtonner  faire des choix, bons ? Mauvais ?

C’est un roman sur la rupture. On peut couper les amarres et quitter la société d’où l’on vient, on peut  rompre ses chaînes intérieures et prendre des décisions qu’on ne soupçonnait pas quelques temps auparavant.

Il est bien évidemment question de deuil. De différents types de deuils pas simplement celui dû aux décès. La perte de l’innocence ? De l’insouciance ? Ils n’étaient pas si insouciants que cela puisqu’ils portaient déjà un fardeau et des souffrances. Je suis moi-même incapable de mettre un mot sur ce que tous ces attentats ont modifié en nous.

C’est un roman sur le corps humain,  celui qui s’éveille à l’amour et celui qu’on enterre. .. celui qu’on cache et celui qu’on dévoile.

Les personnages ne restent pas campés sur des clichés. Le choix des prénoms joue un rôle important. Maïté Bernard donne une belle image de la diversité qui constitue la France et les français… je n’en dis pas plus.

Quand à  la fin, elle laisse libre court à notre imagination. « L’avenir nous le dira » c’est l’idée qui m’est venue en fermant le livre. Que deviendront-ils ?  A 18-20 ans nous nous sommes nous aussi posé ses questions. Bien malin celui qui aurait pu prédire ce que nous allions devenir. J’aimerais dans cinq ou dix ans avoir une suite, en tenant compte de se que nous dit Sekou.

Ce roman soulève des interrogations qui touchent tous les ados, ils s’y retrouveront.

Une chronique difficile à écrire car l’émotion de cette lecture est encore là. En reparler, c’est évoquer certaines scènes… Je vous souhaite une bonne lecture.

Je ne connaissais pas l’autrice maintenant j’ai envie de lire d’autres romans d’elle mais dans quelques temps, car celui-ci est fort émotionnellement.

Je remercie les Editions Syros pour leur confiance.

syros

QUI EN PARLE ?

Jangelis

Article précédemment publié sur Canalblog

Vivant

Roland  Fuentès

Éditions Syros, 11 janv. 2018, 187 p., 14,95 €

Mes lectures Syros

ATTENTION PARUTION EN JANVIER 2018 !!!

4e de couv. :

Sept étudiants passent leurs vacances ensemble. L’un d’eux invite un nouvel ami, inconnu du groupe, Elias, qui cristallise aussitôt tous les regards. Nul n’aurait pu prévoir que le séjour entre potes qui s’annonçait si bien — sport, révisions, détente – tournerait en un combat à la vie, à la mort. À moins que la haine de « l’autre » n’ait été là, en germe, dès le premier instant.

Mon Billet :

J’ai découvert l’écriture de Roland Fuentès avec « la citadelle de glace » qui m’avait plu car il jouait sur la confiance en soi, les peurs et les doutes d’un adolescent qui devait les dépasser et accepter l’autre… si je vous dis cela c’est parce qu’on a à  nouveau des adolescents qui expérimentent leurs limites. Certains doivent surmonter leurs peurs  et les réactions du groupe ont leur  importance. D’autre au contraire vont dépasser les limites et risquer leur vie et celle des autres.

J’ai aimé la construction de ce roman. En fil rouge nous avons la course poursuite à la vie à la mort. Ce n’est ni le début ni la fin de l’aventure. L’auteur laisse souffler le lecteur en revenant  sur les origines du drame qui se joue, puis on reprend cette folle poursuite qui nous laisse sans souffle jusqu’à la fin, une fin qui s’annonce de plus en plus sombre au fur et à mesure que se déroule l’action.

C’est un roman polyphonique, six témoins essaient de se remémorer ce qui s’est passé avant la crise. En début de chapitre on a le nom du narrateur, le lecteur n’aura aucun problème d’identification. Les chapitres sont assez courts car c’est un scène, un épisode survenu avant…

C’est 8 jeunes gens (16-19 ans) ont chacun leur univers et donc sont plus ou moins complémentaire. Tout est organisé pour que tout le monde puisse réviser et s’entraîner. Ils sembleraient trop sages s’il n’y avait quelques détails…

Les témoins cherchent à identifier  l’élément déclencheur. Le détonateur c’est un être positif et solaire  qui va éblouir ou aveugler … Qu’est-ce qui  en lui a provoqué ce déchaînement de violence.

L’alternance touche à  l’espace temps : présent  (course poursuite) et  passé les jours précédents,  ainsi que le programme  avec la succession d’activités (révisions, cuisine, sorties et entrainement course et natation)  mais cela concerne aussi  les narrateurs comme un passage de relais.

On joue avec les équilibres fragiles. Courir sur les éboulis, sur les chemins côtiers qui mènent ou longent les calanques, dans la garrigue et les collines, avec en fond les falaises qui rappellent le danger imminent. Le risque de chute est quasi permanent.

On retrouve aussi dans l’idée d’alternance l’effet miroir avec les profondeurs de la méditerranée. Une des étudiantes en géologie  rappelle que la hauteur des alpes et autres reliefs ont leur équivalent sous l’eau.

L’équilibre, c’est aussi dans les effets miroirs l’autre, c’est nous, mais si on a un miroir déformant (à cause de notre culture) l’autre n’est plus reconnaissable, n’est pas l’ami qu’on accueil.

Dans ce roman il y est question d’abus et de quête des limites, pour aller au bout de l’expérience et qui sait se mesurer à la mort (alcool, tabac, sports extrêmes…).

Il y a toute la thématique sur  la méditerranée, l’ouverture vers les autres pays qui font partie de cette mer fermée.  Le fait que l’histoire se déroule aux alentours de Marseille la cosmopolite tient un rôle important.

Je vous laisse découvrir  les relations entre les membres du groupe. Et toute la fougue et la passion qui caractérise la jeunesse.

Tout ce qui concerne les relations avec les étrangers je préfère vous laisser découvrir quel rôle cela joue dans cette intrigue…

Je remercie les Éditions Syros pour leur confiance.

citadelle
RL 2017

Qui en parle ?

Jangelis

Article précédemment publié sur Canalblog

La maison des reflets

Camille Brissot

Editions Syros, fév.  2017, 347 p., 16,95 €

Mes lectures Syros

maison des reflets

4e de couv. :

Depuis 2022, les Maisons de départ ressuscitent les morts grâce à des reflets en quatre dimensions qui reproduisent à la perfection le physique, le caractère, et le petit je-ne-sais-quoi qui appartient à chacun. Les visiteurs affluent dans les salons et le parc du manoir Edelweiss, la plus célèbre des Maisons de départ, pour passer du temps avec ceux qu’ils aimaient. Daniel a grandi entre ces murs, ses meilleurs amis sont des reflets. Jusqu’à ce qu’il rencontre Violette, une fille imprévisible et lumineuse… Bien vivante.

Anecdotes de lectrice :

Ce roman fait partie de ces livres qui ont leur petite histoire avant d’arriver à la phase lecture. Dès que j’ai vu passer la photo sur les réseaux sociaux et le catalogue Syros j’ai eu envie de le lire. Il ya un côté spectral qui a attiré mon attention.

Je ne connaissais pas l’écriture de Camille Brissot, mais elle fait partie d’une bande d’auteurs de l’imaginaire que j’aime beaucoup alors par extension elle avait déjà une belle aura.

Le synopsis a fini de me tenter. Alors quand on me l’a proposé j’ai dit oui tout de suite. Dès que je l’ai reçu je l’ai commencé… et puis une chose en entraînant une autre le livre s’est retrouvé en bas de ma PAL… Entre temps j’ai même lu un autre roman de la même autrice « Dans la peau de Sam » j’avais été sous le charme de son imagination et ses talents de conteuse.

J’ai enfin pris le temps de reprendre la lecture depuis la première page.

Le contexte dans lequel je l’ai lu a changé et je pense que mon approche a pris une autre tournure. Je pense même qu’aujourd’hui j’étais plus ouverte certaines questions traitées… Sans parler que l’engouement qu’à eu ce livre lors de sa publication est moins présent, mon approche sera moins dans l’excitation générale.

Bon Billet :

C’est un roman qui m’a agréablement surprise. Je m’attendais à une agréable lecture car Camille Brissot sait bien mettre en scène le monde des adolescents, mais plus j’avançais dans ma lecture, plus je déroulais des fils différents.

Lors d’une lecture, il y a ce que l’auteur a écrit et ce que le lecteur apporte.  Il se trouve que dans un premier temps j’ai eu l’impression d’être dans une histoire gothique et j’ai eu des réminiscences d’une autre lecture « Le cirque des rêves » Erin Morgenstern qui sont venues parasiter ma lecture. Puis cela a évolué.

C’est un roman qui traite des frontières entre réalité et monde virtuel, entre enfance et adolescence. Il nous décrit une IA (Intelligence artificielle) que Daniel notre héros appelle la ruche. Elle ne vit et se nourri que de ce qui se passe dans la maison des reflets.

Qui n’a jamais eu envie de continuer à parler  l’être aimé ? Si on nous proposait les services de la maison des reflets y souscririons-nous  ou refuserions-nous ?

Nous allons suivre les aventures d’humains et de clones virtuels, avec le risque parfois de se retrouver dans des zones assez floues, un certain état de confusion crée une atmosphère de mystère. Daniel vit protégé dans ce cocon, il s’est créé son monde qui lui convient. Cependant il a atteint ses quinze ans et il commence à ressentir les effets de l’adolescence. Il sort de l’enfance, il perd quelques certitudes, il sort de la maison… dans un premier temps dans un but d’étude mais c’est aussi un besoin de découvrir l’extérieur.

Son but : aller prendre des repères dans une fête foraine dont il aperçoit la grande roue. Ce n’est pas n’importe quel lieu… on continue dans le monde des illusions et des faux décors, c’est un monde de l’enfance. (NB : c’est aussi le point de départ de « Dans la peau de Sam » !)

Là, il va découvrir un être vivant mais presque irréel qui va bouleverser sa vie…

Durant les mois qui vont suivre Dan va grandir et va devoir affronter des changements au sein de la maison des reflets. Il va se poser de nouvelles questions, être confronté à ses doutes existentiels, il va s’interroger sur le sens profond de ce que sa famille réalise au sein de cette maison des départs, il va se poser des questions sur le rôle que l’homme doit jouer au sujet de la mort.

C’est beaucoup plus que l’éveil d’un jeune homme aux émois amoureux et à la mise à l’épreuve des liens d’amitié ou la quête des secrets de famille.

J’ai essayé de me remémorer ce que pensais de la mort lorsque j’avais quinze ans… c’était au siècle dernier….  C’était un sujet qui nous préoccupait beaucoup et nous imaginions la présence de fantômes ou d’entités … nous n’avions pas cette idée de monde virtuel, de réalité augmentée que les nouvelles technologies laissent imaginer.

Quand au travail de deuil, j’ai l’impression qu’aujourd’hui on en parle plus directement avec les jeunes.

C’est étrange car en lisant ce roman  et voyant les réactions de Dan puis ses confrontations aux idées des autres j’avais l’impression d’évoluer au même rythme que le jeune homme. Camille Brissot a su créer un personnage sans arrière pensée qui va découvrir de nombreux secrets…

Ce que j’ai aimé outre les thématiques de la « Maison », de la famille, de l’amitié, des apparences, de la vie et de la mort…  c’est le travail d’écriture. La narration à la première personne, les dialogues qui permettent d’initier le jeune homme, les descriptions des lieux et la partie épistolaire qui contrebalance l’ultra technologie. Camille Brissot a su garder l’attention avec les différents rebondissements et les petits secrets qu’elle a dévoilé par petites touches.

J’ai aimé la part de rêve, le mystère et le suspens, mais aussi la montée des émotions… voir Daniel chercher sa voie… au milieu de tous les reflets…

Ce roman jeunesse confirme qu’il n’y a pas d’âge pour prendre plaisir à la lecture et à se poser des questions.

Je remercie les Éditions Syros pour leur confiance.

Article précédemment publié sur Canalblog

Grupp

Yves Grevet

Éditions Syros, 31 Août 2017, 528 p., 17,95 €

Mes lectures Syros

Challenge rentrée littéraire 2017

4e de couv. :

Mettez-vous à la place de Stan : grâce à l’implant LongLife, comme tous ses amis et ses proches, il ne craint ni la maladie ni les accidents et peut atteindre l’âge de cent ans en menant une petite vie tranquille. Est-ce que ça ne donne pas envie ? Maintenant, essayez de penser comme Scott, le grand frère de Stan : voulez-vous vraiment que vos battements de cœur soient contrôlés à tout instant ? Vous sentir traité comme un être irresponsable, fragile, et que l’on décide à votre place ce qui est bon pour vous ?Si la liberté et la part du hasard valent plus à vos yeux que votre sécurité, faites-le savoir. Rejoignez le Grupp.

Mon Billet :

Dès que vous commencez un roman de Yves Grevet, vous plongez directement dans un univers particulier. Il a l’art de créer une société, une famille, avec ses codes et sa hiérarchie. Vous êtes au cœur de l’histoire en quelques paragraphes.

Grupp a créé une société qui pousse au secret et à la dissimulation. Un lieu où l’on cherche à se rendre invisible et indétectable par les autorités. Car les autorités se sont des humains qui peuvent vous surveiller, vous contrôler et vous manipuler… Les implants sont différents de ceux utilisés dans le roman de Carina Rozenfeld « EVE ».

La famille, c’est la base de départ. Parents et enfants chacun a sa place, son rôle à jouer. On se retrouve au point de bascule entre l’harmonie et de déséquilibre. Ici ce moment charnière c’est quand Scott, le fis aîné est arrêté. Tout le monde tombe des nues. Le voilà accusé d’être un des membres dirigeant du GRUPP, un réseau de jeunes rebelles.

Et c’est comme si on ouvrait les yeux de Stan son cadet de 3 ans. Et au fur et à mesure qu’il gratte le vernis de ce qui l’entoure plus il découvre des choses.

Il y a un effet de balancier plus l’aîné est coupé du monde dans sa cellule  plus Stan s’ouvre aux autres et élargie son champs d’investigation. C’est un éveil à la conscience politique, un chemin initiatique qu’il va devoir faire avec des gens de son âge. Le lecteur découvre ainsi le monde qui l’entoure.

Pendant ce temps Sol son meilleur ami qui le seconde, essai de découvrir les jeux de l’amour. Il va aussi faire des découvertes dans le monde de Longlife.

Il est question de corps aussi. Sol et son problème de croissance, les ancêtres qui deviennent grabataires,  la jeunesse qui cherche ses limites hors contrôle.

L’histoire se compose de trois parties avec les dates qui nous permettent de nous situer.

Dans la première partie Stan collégien nous fait vivre son enfer à son niveau. C’est un collégien en quête de vérité.  C’est préoccupations c’était de suivre en cours, de faire se qu’on lui demandait, les copains.  Et tout à coup le voilà dans une situation plus tendue, il est plus surveillé par les autorités.

Il va chercher des pistes et trouver la force d’entreprendre cette aventure auprès de Lottie et Sol. Mais le danger rôde avec un group non identifié et violent qui lui tourne autour. Il doit tout faire pour se contrôler pour ne pas alerter les autorités à travers son implant.

La première partie se termine sur un cliffhanger et avec des zones d’ombre.

La deuxième partie c’est Scott qui nous raconte. C’est bien plus que son point de vue. Il est lycéen est ne vit pas dans le même milieu, il ne voit pas la vie de la même façon. On va découvrir d’autres facettes de cette société. De plus il va passer par la case prison et découvrir le milieu carcéral. Soit disant LongLife est là pour qu’il n’y ait plus de crimes.

On va vivre d’autres expériences découvrir d’autres points de vue.

Dans la troisième partie la parole est donnée à d’autres personnages et c’est ce qui permettra de conclure cette histoire et ouvrir de nouvelles perspectives à la jeunesse de ce pays. On va aussi sortir du périmètre de sécurité. Ils vont nous parler d’autres aspects du pouvoir de longlife…

Les trois parties sont de longueurs  différentes puisque dans la première partie (la plus longue) nous avons beaucoup d’informations qu’il n’est pas nécessaire de reprendre certaines choses.

Je vous laisse découvrir tous les rebondissements … car la troisième partie est encore plus dans l’action et il ne faudrait pas tout vous dévoiler.

Je remercie les Éditions Syros pour leur confiance.

Je suis super heureuse d’avoir lu cette histoire en avant-première et maintenant je vais attendre vos réactions et qu’Yves Grevet publie un nouveau roman !

challenge2017b

article précédemment publié sur Canalblog

Ne ramenez JAMAIS une Fille du Futur chez vous (1)

Nathalie Stagier

Editions Syros, février 2016, 429 p., 16,90 €

 Mes lectures Syros

fille du futur

4e de couv. :

Ne ramenez jamais une fille du futur chez vous…
…  Parce que pour elle, votre monde ressemble au Moyen Âge
…  Parce qu’elle sera envahissante, agaçante, imprévisible
…  Mais surtout, parce qu’elle détient un secret terrible. Et c’est à vous qu’elle va le confier.

Ma chronique :

Ce roman fait partie des livres qui ont une histoire particulière dans ma vie de lectrice. J’aurais dû le lire à sa sortie mais il y a eu un petit souci de transport… donc après un voyage dans le temps il m’ai parvenu (deuxième envoi) et j’ai pu le lire.

Entrons dans le vif du sujet ce livre est présenté comme « une comédie à suspens », un petit voyage dans le temps, de la SF jeunesse… Des lectrices me l’avait chaudement recommandé j’étais donc dans de bonnes dispositions pour découvrir cette aventure. Une belle surprise ! Oups ! Je vais trop vite !

Dans une première partie Nathalie Stragier joue avec tous les codes des ados. On est bien dans tout ce qui les intéresse ou les préoccupe. La famille, un  sujet sensible à cette période de la vie. Le besoin de s’émanciper, de s’affirmer, de sortir du cadre familial, de voyager et tous les conflits qui en découlent.

L’adolescence et son monde des apparences où l’image que l’on renvoi influence les relations, codes vestimentaires et comportementaux, l’importance de la beauté, les signes extérieur de popularité. L’auteure va jusqu’à intégrer l’élément fondamental de ce monde lycéen : « le sèche-cheveux ». J’exagère, d’accord elle ne parle pas du lisseur… Tout ce qui touche à la pilosité est un sujet sensible pour les jeunes générations !

Ce roman parle des relations entre les deux sexes que ce soit l’attirance ou les inégalités, mais bien d’autres sujets.

La confrontation avec cette fille du futur donne lieu à des scènes cocasses et d’autres qui font réfléchir, mais le ton reste celui de la comédie.

Si l’histoire avait continué sur cette trajectoire, je vous aurez dit que c’est un roman jeunesse plaisant. Mais l’histoire va prendre un virage plus complexe. On va aborder des sujets assez graves et amener des questionnements qui demande réflexion.

C’est un roman qui aurait sa place dans un cours de philo, car Nathalie Stragier soulève des sujets classiques de la SF et sur les voyages dans le temps mais aussi des sujets plus centrés sur les choix et leurs conséquences. Je pense qu’il pourrait faire l’objet de discussions philosophiques. C’est un roman qui peut faire réfléchir sous couvert de légèreté.

Les tournures prises par cette histoire m’ont surprise et on donné au roman une autre dimension, un autre intérêt.

Les personnages sont bien campés sur leurs certitudes, c’est donc la confrontation avec l’autre et une façon différente de penser la société qu’ils vont devoir appréhender. C’est très intéressant et Nathalie Stragier a bien mis en place ses balises. Évidemment on attend de voir les modifications dans les modes de pensée des personnages. Ce qui tient en haleine, qui va changer ? Andrea et Pénélope qui n’arrêtent pas de se répéter qu’elles n’ont que seize ans et que les événements les dépassent. Elles sont un peu démunies face aux événements.

Au fait, la couverture ne correspond pas vraiment au personnage de Pénelope, grande blonde et frisée !

Par contre, j’attendais certains développements sur un autre sujet (dont je ne peux parler) qui n’a pas été exploré… Il le sera peut-être dans le prochain roman. Le lecteur prend parfois un brin de fil et essai de rembobiner en se créant son propre scénario… Je verrai bien si cette intrigue secondaire va être traitée ou abandonnée. D’où mon impatience de lire le prochain épisode.

Lorsque l’histoire se termine on reste dans une attente… Les personnages sont attachants et il reste des choses en suspens même si l’aventure semble achevée… presque frustrée…

C’est un roman qui est bien dans la ligne éditoriale des Éditions Syros, l’adolescence et la société.

Je remercie les Editions Syros pour leur confiance.

Article précédemment publié sur Canalblog

Ma vie sans mes parents

Myriam Gallot

Editions Syros, coll. Tempo, fev. 2016, 144 p., 6,35 €

Mes lectures Syros

ma vie sans mes parents

4 e de couv. :

Les parents d’Éléonore sont boulangers. Le lundi, ils restent à la maison, mais tous les autres jours, Éléonore doit se débrouiller seule. Un matin, elle fait une drôle de découverte sur le balcon de son appartement : un chaton venu de nulle part… Enfin, pas exactement, c’est celui du vieux monsieur qui habite à côté. Éléonore fait alors la rencontre d’Aimée, un grand amateur de comédies musicales, et son quotidien prend de nouvelles couleurs !

Auteur :

Myriam Gallot est née il y a un peu plus de trente ans à Saint-Etienne et vit aujourd’hui à Lyon. Enseignante au lycée, elle se consacre toutefois de plus en plus à l’écriture dès qu’elle peut. Myriam Gallot est un jeune auteur très prometteur, qui a publié chez Syros L’Heure des chats (sélectionné pour le prix des Incorruptibles, lauréat du prix Chronos 2012), Le Pays à l’envers et 760 générations.

Ma chronique :

Ce roman est  ancré dans la réalité d’aujourd’hui. Les enfants peuvent s’identifier de par leur expérience ou en regardant autour d’eux.

D’un côté on a deux parents qui travaillent énormément et une  Eléonore collégienne seule en dehors de l’école.

D’un autre Betty la meilleure amie, avec des parents plus disponibles et une jeune sœur.

Et enfin, Aimée un vieil homme seul avec une fille trop occupée pour s’occuper de lui.

Eléonore trouve un équilibre entre ses trois milieux. De bonnes relations avec ses parents, de bonnes relations avec sa meilleure amie et sa famille, et pour compléter une nouvelle amitié intergénérationnelle.

Aimée trouve un moment de bonheur depuis l’arrivée d’un petit chaton dans sa vie et des deux collégiennes à qui il transmet un peu de bonheur à travers les comédies musicales et de l’attention.

Ce que j’ai aimé dans ce livre sans dévoiler l’intrigue c’est le cheminement que vont faire les filles qui sortent de l’adolescence. Elles  vont découvrir l’importance de l’amitié, de la vie et de la mort… l’ouverture vers les émois amoureux… Et la vie qui continue…

Il y a de l’émotion et les larmes peuvent venir dans une partie du roman très touchante.

Au détour de l’histoire on aborde des sujets  qui questionnent la société… Peut-être une façon de débuter une discussion « philosophique ».

Et pour les amoureux des minous il y en a qui vont nous faire sourire et pleurer…

Je remercie les Editions Syros pour cette lecture.

syros

Article précédemment publié sur canalblog

Une vie merveilleuse

Dominique Brisson

Éditions Syros, 128 p. 6,20€

Partenariat Syros

4 e de couv :

26 lettres de l’alphabet, 26 fenêtres ouvertes sur l’intimité d’une relation extraordinaire: un jeune garçon parle de sa sœur aînée, princesse de la nuit et de la lune, imprévisible, magnétique et terriblement adolescente.

Ma chronique :

Un roman jeunesse qui aborde certains aspects de l’adolescence du point de vue d’un adolescent de douze ans. Le narrateur au lieu de raconter d’une façon chronologique l’histoire de sa sœur de seize ans, il le fait à travers l’utilisation de mots qui ont un sens pour lui et sa sœur. Il est très touchant.

Dès la couverture, on sent qu’il y a une faille entre le titre « une vie merveilleuse » et la réalité, le crayon mordillé et les ratures.

J’ai trouvé l’idée originale et très parlante, évoquer le temps qui passe à travers l’état des ongles. Du petit ongle rose à l’ongle vernis noir craquelé.

On sent qu’un drame se joue à travers certains mots, certaines expressions et les temps utilisés.

C’est une histoire où l’on peut facilement s’identifier aux personnages. Les parents impuissants. Les jeunes aux multiples facettes. Les amitiés fortes.

C’est un roman très émouvant dont l’émotion monte au fur et à mesure mais heureusement certaines lettres font retomber la tension.

Elle a tout pour être heureuse, il n’a rien pour lui et pourtant… qui aura cette fameuse vie merveilleuse.

C’est un roman qui devrait être lu au collège suivi de discussions.

Je remercie les Éditions Syros de m’avoir permis de découvrir cette bouleversante histoire.

Qui en parle autour de moi ?

MissAssassyne

100 livres 2014

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