Alice Ceresa
Trad. Adrien Pasqualis
Éditions de la Baconnière, janv 2023, 160 p., 18 €

4e de couv. :
Ce roman dresse le portrait intimiste d’une famille ordinaire à travers les souvenirs d’enfance et d’adolescence de deux sœurs. Par la description analytique de ce corps domestique – un père, une mère et deux filles – est mis à jour le jeu des forces, des tensions et des résistances qui les agrègent, dans le quotidien partagé au fil du passage des années, de l’enfance à l’âge adulte.
Alice Ceresa scrute les mécanismes de cette famille patriarcale et l’aliénation qui découle inexorablement de l’assignation des rôles. Ce regard désenchanté sur la famille nourrit un récit d’une précision chirurgicale et d’une ironie savamment dissimulée.
Bambine (Einaudi, 1990, Prix Schiller) est présenté par Alice Ceresa comme le deuxième opus de sa trilogie consacrée à «la vie féminine», entre La fille prodigue (1967) et La mort du père (1979).
Traduction révisée par Renato Weber
Mes impressions de lecture :
J’ai choisi ce roman parmi les romans proposés pour Masse Critique Babelio pour son titre, souvenir de ma grand-mère maternelle, et pour la maison d’édition suisse qui a permis sa réédition. Je découvre à chaque fois des voix différentes qui me surprennent.
Je ne connaissais pas du tout Alice Ceresa, ni son nom, ni son écriture. Les différents articles insérés dans ce volume permettent d’aller plus loin dans la compréhension de l’œuvre d’Alice Ceresa et de la place de ce roman dans l’ensemble.
J’ai été surprise par la mise à distance que produit l’écriture de cette écrivaine. Des chapitres courts qui ressemblent presque à des analyses. On a une maison, dans cette maison la mère, le père, les fillettes, qui forment une famille et elle va nous raconter une histoire avec un regard qui s’attache plus à la fonction qu’à une intrigue. On voit les interactions et l’influence de l’éducation sur les filles. Les différentes étapes de la vie d’une famille.
La façon de procéder par touches m’a fait penser à ces tableaux comme « la Meninas » de Velázquez, où petit à petit le regard s’enfonce dans les différents plans, avec un miroir qui donne une autre dimension ainsi de suite. Tiens c’est étrange que cette image me vienne alors qu’un des sujets touche les petites filles.
Cette façon de raconter influe le lecteur, on se sent observateur d’une observation et on n’arrive pas à s’attacher aux personnages. J’ai eu tendance en le lisant à faire des comparaisons avec des situations vécues, à me souvenir comment je percevais les familles autour de moi à différents stades de ma vie.
Chaque lecteur arrive avec ses bagages, cette lecture a fait écho à « du côté des petites filles » de Elena Gianini Belotti, un essai sociologique que j’ai lu alors que paraissait en Italie « Bambine ».
« Bambine » nous renvoi à une époque pas si éloignée et on se rend compte de l’évolution ou pas de certaines choses au sein de la cellule familiale. Ce n’est pas d’aujourd’hui que les femmes s’interrogent.
Ce roman semble faire des ricochets et donne envie d’aller plus loin sur le sujet de la féminité et du féminisme dans la littérature. Le lecteur, du moins c’est ce que j’ai ressenti, s’interroge sur l’évolution de la fonction de la femme dans la famille et la société.
Je remercie Babelio et les Éditions de la Baconnière de leur confiance.