Federigo Tozzi
Trad. Philippe Di Meo
Éditions La Baconnière, 2021, 224 p., 20 €
Masse Critique Babelio / La Baconnière

4e de couv. :
Remigio, un tout jeune homme, est appelé au chevet de son père mourant. Il hérite de son domaine agricole. Ayant fui en ville une relation filiale difficile, rien ne le prépare à assumer cette lourde tâche. Il multiplie fatalement les maladresses. Rejetant le modèle paternel autoritaire, mais par trop naïf, névrosé et dépourvu d’expérience, il ne parvient pas à trouver une alternative valable. Sa mansuétude encourage les aigrefins de toutes sortes. On lui intente des procès sous de mauvais prétextes, on le vole, on l’humilie.
Remigio est le type même de l’inadapté rêveur voué à endurer la cruauté humaine.
Berto, l’un de ses ouvriers le prend en mauvaise part. Dès lors il n’a de cesse de le dénigrer, de le provoquer et de le menacer. Ces deux personnages antagonistes sont les acteurs d’un drame qui les dépasse. La déliquescence de l’un et la révolte de l’autre campent la férocité d’un monde âpre et cruel.
Mes impressions de lecture :
J’ai découvert cette maison d’édition suisse (qui est présente en France) depuis peu. Chaque lecture est une découverte que ce soit une autrice actuelle ou un auteur réédité. Mon choix c’est porté sur ce roman car il y avait une histoire de famille et de transmission, avec l’idée de microcosme.
Un petit mot sur la couverture. En fin de volume on nous montre qu’il s’agit de détails d’une œuvre. La déstructurer et la réassembler ainsi m’a fait penser à des parcelles de terres.
Lorsqu’on commence le roman, on a vite l’impression que le personnage court à sa perte, quoi qu’il tente ça se retourne contre lui. J’ai eu la même impression qu’en lissant « des souris et des hommes » de John Steinbeck, « l’étranger de » d’Albert Camus ou encore « Mangez-le » de Jean Teulé. C’est comme si l’animalité, la cupidité des hommes et autres frustrations n’attendaient que ce moment-là pour se mettre en branle. Le personnage n’est pas de la trempe de ceux qui se battent et il va se laisser dévorer par tous. Il n’est pas idiot, c’est juste un gentil. On a l’image du sacrifier.
Je le demande dans quelle mesure le fait que cette histoire racontée après la première guerre mondiale ne reflète pas certains sentiments.
A la fin du volume il y a « À propos de la langue de Federigo Tozzi » et « autour du Domaine » de Philippe Di Meo. Ces articles sont très intéressants car ils sont écrits par le traducteur qui a dû faire un travail préliminaire avant la traduction. Il a su analyser certaines scènes, voir les références aux autres romans de Tozzi. En tant que traducteur il a fait un travail très minutieux autour de la langue et de l’univers de cet auteur.
En tant que simple lectrice, j’ai pris grand plaisir à lire cette langue traduite qui n’est pas surannée mais qui a un certain rythme. Le traducteur laisse quelques mots en italien, ce qui donne une touche « exotique ». Federigo Tozzi utilise des régionalismes.
J’ai aimé les descriptions de scènes où se déroule la discussion. Elles ne sont pas longues mais pourtant précises pour bien se mettre dans l’ambiance.
La part de dialogue est importante. Les apartés des personnages rendent très visuel les mauvaises intentions des protagonistes.
L’argent tient une place importante et le pauvre Remigio honnête et sincère va se faire plumer, humilier… J’ai noté que le porte feuille (objet) joue un rôle. On lui prête des intentions, on le met dans la catégorie « petit bourgeois » alors que maltraité par son père et écarté du domaine il n’a aucune connaissance ni revendication si ce n’est régler cette succession.
Les femmes : la mère est décédée donc absente, il n’a pas de fiancée ni d’épouse. Alors qu’il est confronté à la deuxième épouse de son père et sa maîtresse. Il y a d’autres femmes, mais aucune ne le respecte car il a trop d’un homme-enfant. Il n’a pas de soutien.
Les hommes à commencer par son père (même sur son lit de mort) ne le respecte pas. Le fils n’a pas hérité de sa roublardise et de sa violence.
Les chapitres sont assez courts. C’est un texte qui a été publié dans un premier temps dans une revue romaine du 1er avril 1920 au 1er mars 1921. Ce texte à donc cent ans. Est-ce que la structure de la narration n’est conditionnée par le fait qu’elle a été livrée par petit bouts ?
Je remercie Babelio et les éditions de La Baconnière de leur confiance.
Superbe découverte, tres belle plume 🙂 hésites pas à venir faire un tour sur mon site Intel-blog.fr et à t’abonner si ça te plaît 🙂
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