Il ne faut pas déclencher les puissances nocturnes et bestiales

Kââ

Éditions de la Table Ronde, La petite Vermillon, mars 2018, 286 p., 8,90 €

Mes lectures de la Table Ronde

il ne faut pas

4e de couv. :
«Kââ est de retour ! Et aussi, bien entendu, le héros qu’il avait mis en scène dans La Princesse de Crève. Rappelons que ce personnage des années 80, sans nom, sans attache sinon dans le milieu mortifère des voyous de tout acabit, traverse son époque dans une traînée sulfureuse et violente.
Dans Il ne faut pas déclencher les puissances nocturnes et bestiales, ce cow-boy solitaire en Jaguar XJ6 Sovereign se rend en province à l’enterrement d’un truand et tombe sur un ami d’enfance devenu flic. Ce n’est pas de chance parce que le héros voit son bienheureux anonymat menacé…»
Jérôme Leroy.

Ma chronique :

La première éditions date de 1985.

Je vous parlais l’autre jour (cliquez) de mes motivations à lire les rééditions de certains titres des années 80. Je ne vais pas recommencer, je vous laisse aller voir.

Kââ est un auteur que je ne connaissais pas, je découvre son écriture et son univers, est-ce que le reste de son œuvre est à l’avenant, mystère…

Ce que je peux dire,  c’est que je me suis régalée avec ce roman. C’est très bizarre d’écrire cela quand l’histoire est truffée d’horreurs en tout genre… les amateurs de polars et autres livres policiers comprendrons. Ne connaissant pas l’auteur j’ai pris un risque…

Le narrateur est un gangster (braqueur) très recherché. Il a un côté touchant avec son code de l’honneur et une bonne dose d’autodérision. Il va à l’enterrement d’un vieux truand et tombe nez à nez avec un ancien copain d’école devenu flic et qui est d’humeur collante. D’autre part un autre bandit à assisté à cette rencontre. Pas bon pour sa réputation tout cela. De là vont découler une tonne d’em***** . On se dit immédiatement qu’il a la poisse et qu’il va se faire prendre dans les mailles du filet…

Après cet instant on va avoir un effet domino avec une escalade dans les degrés des catastrophes. Plus ça va et plus le narrateur va descendre en enfer. Comment tout cela va se terminer pour lui et les autres ? C’est tout l’intérêt de ce livre, savoir comment l’auteur va conclure…

Tout le long, il s’interroge sur ses motivations. Le truand devient enquêteur, c’est un comble ! et le chasseur devient le chassé… Mais que diable allait-il faire sur cette galère !

On va avoir droit à une galerie de portraits très pittoresques des gens du milieu, bandits, flic etc… sans parler des noms qu’ils portent.

Le narrateur n’a pas de nom, il joue avec des identités toutes plus fausses les unes que les autres, une seule fois son prénom apparaîtra. On devine un peu son pedigree, une aura de mystère l’entoure, ce qui augmente son charme…

Les rôles masculins ne sont pas très reluisants, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Quand aux femmes qui entourent ce n’est guère mieux…, la rivalité, la cruauté, la trahison,  l’honneur et l’amitié, peut de place pour l’amour…

Tout ce petit monde a plus ou moins des cadavres cachés dans les placards. Un personnage m’a étonné  quant à ses motivations, j’ai eu des doutes tout le long… une ambigüité plane… je n’en dis pas plus.

Il y a un côté film avec Belmondo, des courses poursuites sans cascadeurs, charmeur et grand seigneur les poches pleine de billets…

On est dans les années 80 pas de doute. Il écoute des cassettes de Renault, Léonard Cohen et quelques autres…

Dans les restaurants c’est fruits de mer, tournedos Rossini, crêpes flambées etc…  Vins, champagnes, Cognacs et bourbon pas de loi Evin. Quand au tabac c’est partout et part tous temps.

Le sexe, le sida n’a pas encore fait les ravages…

Quand à l’argent, on y retrouve les devises principales (Francs, francs suisses et dollars) et le vocabulaire inhérent.

Au niveau des véhicules, c’était très amusant de revoir toutes ses modèles et leur connotation. Sans parler des excès de vitesse point de radars fixes…

Pour les amateurs d’armes à feu, vous avez toute la panoplie  avec leurs caractéristiques et celles de leurs munitions.

J’ai eu du mal à lâcher cette histoire car je voulais  découvrir les tenants et les aboutissants de toutes ces situations rocambolesques. Il y a un suspens qui tiens le lecteur en haleine. On attend le feu d’artifice final avec curiosité. Ça canarde à tout va. L’intrigue est bien ficelé même si parfois cela frôle la caricature, c’est aussi le charme de ce genre littéraire.

La presse écrite et la radio se faisait l’écho de ces faits divers sanglants. La tv n’est pas présente.

Ce qui m’a marqué, c’est la présence de la beauté qui est mise en évidence par le narrateur. Cela fait face à toute la noirceur d’univers. Il confronte la beauté physique et la corruption de l’âme.

Paris et ses beaux quartiers avec derrière les façades des êtres abjects.

Le narrateur déteste Paris et il nous montre la déshumanisation de l’urbanisation.

La pureté côtoie la souillure. Cela concerne les décors, les situations ou les personnes.

Le narrateur est conscient de ce qu’il est de ce qu’est sa vie etc. mais ont sent au fur et à mesure qu’il perd des illusions.

L’idée de paradis perdu, de fin d’une époque m’a accompagné.

Nous sommes dans un polar des années 80, il y a donc des idées politiques, des attitudes qui marquent bien l’époque. Il y a aussi quelques références à la guerre d’Algérie et les horreurs qui y sont liées. Il y est question d’écoutes téléphoniques, de RG, de portraits-robots etc. On sent aussi dans les techniques policières ne sont pas aussi poussées qu’aujourd’hui. La technologie ne permet pas de recouper les renseignements.

Je vous disais en début de chronique que je prenais un risque, par exemple  celui de trouver le roman vieilli et daté. En fait tout le côté année 80 c’est plutôt un certain portrait (imaginé ?!) d’une époque. Est-ce dû à mon âge ? peut-être…

Je vous souhaite une bonne lecture.

Je remercie les Editions de la Table Ronde et La Petite Vermillon pour leur confiance.

table ronde

2 réflexions au sujet de « Il ne faut pas déclencher les puissances nocturnes et bestiales »

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