Ken Liu
Éditions folio, oct. 2017, 506 p., 8,30 €
Mes lectures Folio

4e de couv. :
Serait-il possible de décrypter les algorithmes de l’amour? Peut-être les tentaculaires compagnies de l’Internet y parviendront-elles un jour? Elles sauraient, alors, dire si deux personnes sont vraiment faites pour être ensemble. Et si l’immortalité nous était offerte, quelle trajectoire serions-nous amenés à suivre? Sans doute la route vers les étoiles s’ouvrirait-elle à nous? D’immenses vaisseaux se dirigeraient vers 61 Virginis pour y trouver… quoi? Mais les plus beaux des voyages sont peut-être ceux que l’on fait grâce à la mémoire, à l’aide de jouets nés des mains et de l’amour d’une mère : une merveilleuse ménagerie de papier.
Mon Billet :
Lorsque j’ai choisi ce recueil le mois de l’imaginaire allait débuter. Je ne connaissais ni l’auteur ni son univers. Le titre et le synopsis avait déjà suffit à me tenter. Sans parler de la couverture avec ses êtres dans l’espace. Je ne suis pas une férue de SF mais j’aime de temps à autre découvrir comment certains envisagent l’avenir. Sur les réseaux sociaux j’ai eu de bons échos lorsque j’ai parlé de la réception du livre. J’étais donc dans de bonnes dispositions… cependant je ne m’attendais pas à être aussi impressionnée par les ces nouvelles. Ce n’est donc pas un « mais » c’est un « wouah » !
J’ai beaucoup aimé la façon de penser de Ken Liu dès l’avant-propos je me sentais en confiance, on était sur la même longueur d’onde. J’ai donc débuté la lecture des nouvelles que j’ai lu dans l’ordre , et là ce fut le choc émotionnel en quelques pages des sujets forts qui m’ont laissé en mode réflexion. Je n’ai pas pu lire le recueil d’un trait. Il me fallait un peu m’interroger sur sa vision des choses. Je n’ai pas adhéré à tous les possibles.
On ressent aussi en lisant ses nouvelles sa double culture chinoise et américaine. J’ai ressenti le déracinement à travers certaines histoires. Issue moi-même d’une double culture que je n’ai pas choisi au départ, c’est le besoin de racine et en même temps le besoin d’ailleurs qui nourri notre imaginaire. Dans ce recueil est question de choix ou de non choix.
Certaines nouvelles traitent du choix en tant que parent ou en tant qu’individu. Il y est question d’un « ailleurs » et d’un « autre. Bien évidemment, j’ai eu les larmes aux yeux à la fin de la nouvelle éponyme «la ménagerie de papier », ainsi que pour d’autres qui entrent en résonnance avec ma sensibilité. Elles traites toutes de sujets forts, d’acceptation et de refus.
Je repense notamment à la nouvelle « les vagues » où le choix sur l’immortalité implique des sacrifices puisque son choix implique une incidence sur un autre être, la perte de l’autre alors qu’on reste, les générations futures elles mêmes confrontées à des choix. Les nouveaux choix qui se présentent, les notions de mémoire et le temps.
Si je parle de ces deux nouvelles « la ménagerie de papier » et « les vagues », c’est aussi parce que les deux traitent du rejet de l’autre, de la différence et de l’intégration que ce soit de l’enfant dans un cas et la mère dans l’autre.
Enfant, mère (ou créateur) ils insufflent la vie, ils créent le futur et donc les vies futures. Chaque nouvelle est un concentré de sujets. La longueur des nouvelles est variable et cela a un effet aussi sur le lecteur. J’avoue que j’ai étais souvent déstabilisée à la fin de certaines histoires et cela depuis la première « Renaissance ».
Je vous ai parlé de celui de la famille, du créateur de vie, un autre sujet qui me tient à cœur est celui de la mémoire et cette première nouvelle m’a ouvert les portes de la problématique que l’on retrouve dans certaines autres nouvelles.
Je pourrais aussi vous parler de l’aspect technologique qui est un des autres fils rouge de ce recueil. Que ce soit mécanique ou mental. On peut donc voyager loin grâce aux avancées technologiques mais ce n’est pas un sujet qui m’attire particulièrement. Quand à tout ce qui est intelligence artificielle (IA) cela fait aussi partie des préoccupations des auteurs de science fiction et des scientifiques en général. Le côté big brother plus complexe au vue des avances technologiques, c’est un vaste sujet qui fait partie de nos interrogations quotidiennes. L’influence des réseaux, la présence de plus en plus présente dans notre société. Je vous invite à lire par exemple « faits pour être ensemble ».
Vous l’aurez compris je ne peux développer la multitude de sujets abordés au cours de ces dix neuf nouvelles. Elles ont été publiées sur différents supports et certaines on reçu des prix. Chaque lecteur y trouvera des questionnements ou des réponses à des interrogations sur notre avenir. Je suis persuadée que bien qu’il s’agisse de fiction les questions « philosophiques » qui en découlent sont de bonnes bases pour réfléchir.
Chroniquer un recueil de nouvelles est un exercice difficile surtout quand il ne sagit pas d’un recueil conçu spécialement, mais une compilation. J’ai essayé de faire ressortir le schéma d’un univers bien vaste. J’espère vous avoir donné envie d’aller plus loin…
Je remercie les Editions Folio pour cette découverte très marquante.
Article précédemment sur Canalblog