La ferme du bout du monde

Sarah Vaughan

Trad. Alice Delarbre

Éditions Préludes, avril 2017, 445 p., 16,90 €

ferme bout du monde

4e dec ouv. :

Cornouailles, une ferme isolée au sommet d’une falaise. Battus par les vents de la lande et les embruns, ses murs abritent depuis trois générations une famille… et ses secrets.1939. Will et Alice trouvent refuge auprès de Maggie, la fille du fermier. Ils vivent une enfance protégée des ravages de la guerre. Jusqu’à cet été 1943 qui bouleverse leur destin. Été 2014. La jeune Lucy, trompée par son mari, rejoint la ferme de sa grand-mère Maggie. Mais rien ne l’a préparée à ce qu’elle y découvrira. Deux étés, séparés par un drame inavouable. Peut-on tout réparer soixante-dix ans plus tard ?

Mon Billet :

J’hésitais un peu à lire ce roman car les histoires sous fond de seconde guerre mondiale ce n’est pas ma tasse de thé. Mais j’étais curieuse car il y a les deux époques qui sont présentes, hier et aujourd’hui, des femmes et un secret de famille.

Ce roman est bien construit, on passe bien des années quarante à notre époque. Ce n’est pas l’alternance systématique.  Dans un premier temps on à l’histoire d’une jeune fille d’aujourd’hui et celle d’une ferme avec des adolescents, donc on suit de chemins différents puis il va y avoir un personnage du passé et un du présent qui sont les mêmes à soixante-dix ans de distance. On a plusieurs chapitres qui nous racontent le vécu de tous ses personnages. Et parfois il y a un glissement délicat d’une époque à l’autre,  au niveau de l’écriture, donc de la lecture cela donne une autre dimension aux récits.

Le lecteur en sait plus que les personnages qui ne se confient pas les uns aux autres. Cependant l’auteure laisse des prénoms dans le flou pour ménager des surprises et des rebondissements au lecteur. Notre imagination fertile va deviner des choses et partir vers des suppositions. Le fait que le lecteur sache plus de chose que les personnages, cela rend la lecture plus palpitante, car il aura envie de participer ne serait-ce que pour dire « non pas lui, attention ! ».

Ce que Maggie a vécu jeune a eu des répercussions sur toute sa vie et celle de ses proches. Elle a gardé sa souffrance en elle et son comportement en tant que mère en a subit les conséquences. On le voit notamment au niveau du toucher. Elle a un tel blocage qu’elle n’arrive pas à prendre se enfants ou petits enfants dans ses bras jusqu’au moment où elle dévoile son secret. L’auteur a su rendre cohérent le comportement de ses personnages.

Ce n’est pas un roman larmoyant et plein de bons sentiments comme on pourrait le croire. Il y a des sentiments forts qui s’expriment avec virulence,  ce n’est pas évident de pardonner et de tourner la page lorsqu’on enfoui un secret. Il y est question de passion, d’amour et de haine…

La fin est assez intense, car il faut conclure, trancher dans le vif, il n’est plus temps de laisser les choses vivoter. Il y a un grand changement d’attitude entre le début et la fin du roman. On ne glisse pas lentement vers la mort physique et morale.

L’auteure à fait son travail d’écrivain jusqu’au bout. Elle a fait un pied de nez au passé. Aaaahh ! je ne dois pas spoiler… Pour ceux qui l’on lu c’est le lien entre les événements  du passé et du présent qui lient les personnages qui est bien trouvé (métiers des nouvelles générations).

Ce que j’ai aimé, c’est le travail sur les personnages. Elle nous montre chaque personnage dans une situation où ils doivent faire des choix. On suit leur parcours intérieur en période de crise. C’est la façon de réagir de chacun qui permettra à chaque lecteur de s’identifier, d’aimer ou de détester ce personnage. On laisse une deuxième chance  ou pas. Il y a tout un aspect psychologique et physique.

Les histoires personnelles sont aussi une façon de voir deux périodes bien différentes. On a le même lieu à deux époques différentes et les enjeux économiques et familiaux sont différents.

J’ai beaucoup aimé le côté racines terriennes, avec les lieux qui forgent les caractères. Je connais ce besoin de retour aux sources presque viscéral, ce qui rend très crédible certaines choses qui semblent romanesques.

Le thème de la mort est omniprésent. Il y a tous ces ancêtres qui ont construit le domaine bien sûr ainsi que ces nouvelles générations qui vivent sur le fil du rasoir. Il y a la notion de frontière entre l’envie de vivre et celle de mourir, le risque de basculer qui est renforcé par la présence des falaises, de la mer et des marées.

Il y a le premier personnage qui apparait au moment où il apprend qu’il est atteint d’un cancer. Nous avons Maggie qui approche des 90 ans et qui perds un peu de sa ténacité.  Il y a comme un compte à rebours qui se met en place car la vérité doit être dévoilée.

Il ya Lucy qui côtoie la mort dans un service de néo-natalité, la natalité et la mortalité intimement liées.

Il y a les accidents, les suicides et toutes les morts animales qui sont liées au monde de la ferme.

Bien évidement avec la période de guerre nous avons les bombardements, les soldats que partent pour ne pas revenir.

Toutes ses morts vont influencer le cours de l’histoire et le caractère des protagonistes.

Je ne vais pas vous dire que le roman se lit d’une traite car il y a 445 pages, cependant on a vraiment envie de savoir comment  cela va se terminer pour chaque personnages et les conséquences de la révélation de la vérité, du secret de famille. Le dernier quart il y a une nouvelle dynamique qui se met en place, qui moi m’a reboostée  dans ma lecture.

C’est un roman pour ceux qui aiment les sagas familiales, les passions contrariées, les secrets de famille et les deuxièmes vies.

La fin fin est très mignonne car il y a une ouverture vers le futur, contrairement à ce qu’on découvre au début de l’histoire qui allait vers un enfermement.  On sort de l’entonnoir, on enlève ses œillères …

Je remercie les Éditions Préludes qui m’ont présenté ce roman.

Article précédemment publié sur canalblog

2 réflexions au sujet de « La ferme du bout du monde »

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