Un peu tard dans la saison

Jérôme Leroy

Éditions de la table Ronde, janv. 2017, 254 p., 18 €

Mes lectures Éditions de La Table Ronde

tard dans la saison

4e de couv. :

C’est aux alentours de 2015 qu’un phénomène inexpliqué et encore tenu caché s’empare de la société et affole le pouvoir. On l’appelle, faute de mieux, l’Éclipse. Des milliers de personnes, du ministre à l’infirmière, de la mère de famille au grand patron, décident du jour au lendemain de tout abandonner, de lâcher prise, de laisser tomber, de disparaître. Guillaume Trimbert, la cinquantaine fatiguée, écrivain en bout de course, est-il lui aussi sans le savoir candidat à l’Éclipse alors que la France et l’Europe, entre terrorisme et révolte sociale, sombrent dans le chaos? C’est ce que pense Agnès Delvaux, jeune capitaine des services secrets. Mais est-ce seulement pour cette raison qu’elle espionne ainsi Trimbert, jusqu’au cœur de son intimité, en désobéissant à ses propres chefs?
Dix-sept ans plus tard, dans un recoin du Gers où règne une nouvelle civilisation, la Douceur, Agnès observe sa fille Ada et revient sur son histoire avec Trimbert qui a changé sa vie au moment où changeait le monde.

Mon billet :

Lorsque j’ai commencé à lire ce roman, j’ai eu des flashs de «Macha, ou l’évasion», un roman jeunesse de Jérôme Leroy et une de ses nouvelles «Comme un fauteuils dans une bibliothèque en ruine», d’un recueil précédemment commenté sur ce blog. Jérôme Leroy a des thématiques qu’il développe à chaque fois d’une façon différente. Jérôme Leroy semble vouloir développer un univers très particulier qui répond aux préoccupations actuelles.

Ce roman se compose de deux parties.

Dans un premier temps on a nous avons une alternance entre deux narrateurs.

Agnès qui surveille Guillaume Trimbert et qui nous parle un peu d’elle et de ses sentiments en particulier en ce qui concerne son travail d’espionne et ce qu’elle récent pour Guillaume Trimbert. On a parfois l’impression qu’elle lui parle de manière indirecte, elle finit par employer le « tu » dans son récit. Il y a un non-dit sur la « haine-pitié » qu’elle lui porte. Elle ne veut pas être admirative de ce qu’il est.

L’autre narrateur, c’est Guillaume qui se raconte, son parcours, ses choix et ses idéaux, il parle de politique, d’histoire et de littérature. C’est une sorte de monologue intérieur, comme s’il cherchait à comprendre ses positions actuelles.

Ces récits tiennent du journal, intime, de la confession ou de  la séance de psychanalyse. Le lecteur entre dans leurs intimités à tous les deux.

Certains chapitres semblent chacun suivre une idée des narrateurs. A d’autres moments, ils se répondent alors que les personnages ne se connaissaient pas. Chacun à une vision différente de la vie.

Il y a l’idée de bourreau et victime, mais c’est Agnès qui joue à ce jeu puisque Guillaume ne se sait pas surveillé. Parfois Agnès se fait piéger à son propre piège, car il y a une part d’ombre en elle.

Une grande partie du texte traite des éclipsés. Agnès est chargée d’empêcher cet acte, alors on suit le cheminement de Guillaume qui veut s’éclipser. Il nous raconte ce qui imperceptiblement le pousse dans cette voie.

Pour faire court, s’éclipser c’est sortir de tous les réseaux qu’ils soient mondains ou virtuels. Sortir de l’ultra-connexion se retrouver  dans un lieu qui vous est inconnu et que vous y soyez inconnu, vous fondre incognito. Sortir de la société de consommation à outrance, aller à l’essentiel et vous recentrer. La façon dont Guillaume et Agnès en parle c’est un acte politique et subversif, ce n’est pas la même approche que ceux qui prônent les théories de développement personnel  (vie plus saine, écologie, recherche de spiritualité, introspection, écoute de son corps et de la nature). Ils ont côté désabusé, Guillaume ne croit plus  que l’homme puisse se révolter pour changer les choses et Agnès est chargée de désamorcer ceux qui ont se genre d’idée.

Guillaume joue à l’épicurien, il boit, mange, fait l’amour à l’excès. Il perd le goût des mondanités et de toutes les exigences induites par une vie sociale. Il a quitté l’enseignement pour se dédier) l’écriture mais là aussi, il veut aller vers ce qui lui semble essentiel, la poésie.  Il ne chercher plus à refaire le monde autour d’un verre.

Agnès, elle est dans la maîtrise, la violence prend petit à petit le dessus. Plus, elle est troublée, plus elle découvre l’intime de Guillaume et plus elle se révolte dans l’autre sens. Elle est sur le fil du  rasoir, prête à basculer.

La deuxième partie, point de bascule vers autre chose, c’est une autre étape que je ne voudrais pas vous dévoiler… surtout si vous n’avez pas lu les livres que j’ai cité au début de cette chronique.

Ce roman a quelque chose de troublant car il y a des références à l’actualité (attentats et massacres) Il y a aussi des échos de questionnements qui me préoccupent. Ce qui est troublant c’est que le personnage masculin est un écrivain qui fait penser à Jérôme Leroy.

Les personnages ne sont pas franchement attachants car tous les deux sont tournés sur eux même. Quoique…

Ce que j’ai beaucoup aimé dans ces récits c’est la thématique du chemin : suivre son chemin ou changer son chemin, chercher son chemin et créer son  chemin, etc.

Je remercie les Éditions de la Table Ronde pour cette lecture très intéressante sur  la révolte et la douceur.

table ronde

2 réflexions au sujet de « Un peu tard dans la saison »

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