Le manoir Tyneford

Natasha Solomons

Le livre de poche, avril 2014, 528 p., 7,90 €

Prix des lecteurs

4e de couv. :

Au printemps 1938, l’Autriche n’est plus un havre de paix pour les juifs. Elise Landau, jeune fille de la bonne société viennoise, est contrainte à l’exil. Tandis que sa famille attend un visa pour l’Amérique, elle devient domestique à Tyneford, une grande propriété du Dorset. C’est elle désormais qui polit l’argenterie et sert à table. Au début, elle se fait discrète, dissimule les perles de sa mère sous son uniforme, tait l’humiliation du racisme, du déclassement, l’inquiétude pour les siens, et ne parle pas du manuscrit que son père, écrivain de renom, a caché dans son alto. Peu à peu Elise s’attache aux lieux, s’ouvre aux autres, se fait aimer… Mais la guerre gronde et le monde change. Elise aussi doit changer. C’est à Tyneford pourtant qu’elle apprendra qu’on peut vivre plus d’une vie et aimer plus d’une fois.

Mon avis :

Ce roman m’a surprise, je l’ai ouvert avec quelques réticences et il a su me séduire et m’emporter dans la malle de voyage d’Elise. Je n’avais pas encore lu de roman traitant de ce sujet : les jeunes filles de bonne famille juives autrichiennes qui avaient un visa de sortie pour l’Angleterre en tant que domestique, juste avant guerre. Ce roman m’a fait penser à ces chaînettes en or cousues dans les ourlés des robes. Les histoires dorment des anneaux qui s’assemblent jusqu’à fermer le bijou. Il y a un côté circulaire dans chaque partie de la narration. Comme une valse où les danseurs évoluent par petits cercles sur toute la piste. Une valse à trois temps où un couple évolue tout en changeant de partenaire en cours de route. Le fait que ce soit Elise, vieille dame qui raconte son histoire m’a un peu enlevé du suspens. En même temps le fait qu’elle ait survécu permet au lecteur de se focaliser sur d’autres aspects de sa vie. La mémoire est une thématique très souvent associée aux histoires des juifs et de la Shoah. La perte des repères fait évoluer les personnages comme des funambules. Le majordome et la gouvernante sont deux piliers qui soutiennent les traditions de la maison et par extension des valeurs de la nation. Ils représentent la fin d’un monde que la première guerre mondiale avait déjà beaucoup ébranlé. Elise est un électron libre qui met en évidence les bouleversements dans la société britannique où chacun avait une place assigné et un rôle à tenir. Il y a certaines situations que j’ai vu arriver bien avant qu’elles ne se produisent mais Valérie Gans en bon chef d’orchestre a su régler sa partition. Thème de l’identité très intéressant. Toutefois un sujet à été à peine effleuré celui du sort de ces employées juive autrichiennes internées lorsque la guerre débute. J’aurais aimé en savoir plus. Cet alto qui associe musique et littérature forme un contrepoint dans cette histoires bercée par la musique. La musique forme l’arrière plan de toutes les histoires. L’orchestre, la cantatrice et le public une boucle se forme. Ce roman se termine sur une jolie partition.

livre poche
2014
challenge100

Article précédemment publié sur Canalblog

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